Le nu metal : quand la technologie s’invite dans le métal
Le nu metal a été l'un des premiers mouvements à embrasser pleinement les nouvelles technologies de production. Voici comment :
1. Des mixages audacieux pour un son hybride
Les producteurs du nu metal, comme Ross Robinson (Korn, Slipknot) ou Terry Date (Deftones, Limp Bizkit), ont joué un rôle clé dans la mise en avant de textures sonores complexes. Le mélange entre guitares saturées, lignes de basse ultra-groovy et éléments électroniques a nécessité de repenser complètement l'équilibre sonore.
- Les guitares étaient souvent enregistrées avec des réglages de distorsion moins "classiques" et plus granulaires, conférant un ton abrasif unique.
- Le traitement des voix a été tout aussi expérimental : de nombreux chanteurs alternaient entre raps, hurlements et chants mélodiques. Cela nécessitait des ajustements dynamiques permanents lors du mixage.
- La basse, au cœur du mix dans des groupes comme Korn, était souvent enregistrée avec des distorsions ou des amplis non conventionnels, créant une sensation de rugissement textural.
L'émergence de technologies comme Pro Tools ou Cubase a permis une manipulation bien plus précise des pistes, avec des couches sonores qui s’empilaient pour donner un effet massif mais lisible, même dans le chaos apparent.
2. Une approche cross-genre
Le nu metal s’est approprié des éléments d’autres genres, notamment le hip-hop, le trip-hop ou l'indus. Cela se traduisait dans les productions par :
- L’usage d’échantillons et de scratches (DJ Lethal de Limp Bizkit en est un exemple iconique).
- Des effets comme les delays, reverbs et des traitements synthétiques sur des parties vocales ou percussives.
- Une emphase sur le groove, avec des rythmiques qui misaient sur des breaks syncopés, inspirés du hip-hop.
En résumé, le nu metal a amené une dimension urbaine et électronique jusque-là peu présente dans le métal, redéfinissant les codes de production.