La production sonore : clarté chirurgicale contre brume lofi
Death metal : pesanteur et précision
Le death metal cherche généralement un son massif et propre. La production met en avant la netteté des guitares et la puissance des basses fréquences. Les groupes pionniers comme Morbid Angel (Altars of Madness, 1989) ou Cannibal Corpse (The Bleeding, 1994) adoptent très vite des méthodes d’enregistrement où chaque instrument est distinct, chaque riff est projeté avec une violence chirurgicale. Le mixage valorise :
- Des guitares très saturées mais précises, souvent accordées en C ou inférieur, pour plus de lourdeur (Guitar World).
- Une basse épaisse, parfois technique (écoutez Alex Webster de Cannibal Corpse).
- Des batteries percutantes et nettes, avec double grosse caisse soulignée.
Le tout est traité en post-production pour garder lisibilité et violence. Certains albums comme Individual Thought Patterns de Death (1993) sont cités pour leur niveau de précision inédit à l’époque (Loudwire).
Black metal : froid, abrasif, volontairement sale
Le black metal, surtout dans sa version scandinave années 90, refuse la propreté à la death metal. Les productions sont volontaires : les premiers albums de Mayhem (De Mysteriis Dom Sathanas, 1994), Burzum ou Darkthrone (Transilvanian Hunger, 1994) présentent un son râpeux, saturé d’aigus, brouillardé voire bancal. Ce choix technique vise à créer :
- Un halo sonore froid et distant, privilégiant l’ambiance sur la lisibilité (cf. le son "grim" ou "necro").
- Des guitares rayées, très distordues mais moins lourdes que le death : moins de basses, plus d’aigus.
- Un mix qui noie la batterie et la basse, et place la voix en retrait ou en écho.
Le black metal considère la production lo-fi comme une arme artistique, un rempart contre le commercial et une manière de provoquer un malaise singulier (Kerrang!).