28 mai 2025
Impossible de parler d’influence sans évoquer Black Sabbath, pionniers du genre. Fondé en 1968 à Birmingham, leur son lourd et occulte a jeté les bases du métal. Tony Iommi, le mythique guitariste, a expérimenté avec des tonalités plus sombres après un accident ayant mutilé ses doigts, une limitation qui a ironiquement engendré un style révolutionnaire. Des morceaux tels que Paranoid ou Iron Man sont devenus des hymnes instantanés.
Le premier album éponyme en 1970 est retenu par beaucoup comme l'acte de naissance du heavy metal. Leur influence se prolonge à travers toute la scène : des grands mainstream comme Metallica aux genres extrêmes comme le doom ou le sludge métal. À leurs débuts, Black Sabbath a littéralement forgé un nouveau langage sonore, en empruntant au blues tout en l'enveloppant d’une épaisse couche de pesanteur.
En 1978, alors que le métal est déjà en gestation, Judas Priest donne naissance à ce qui deviendra le heavy metal pur tel qu'on le connaît. Le groupe a raffiné le « son métal » en écartant les éléments blues présents chez les pionniers, optant pour une double guitare mélodique explosive (celle de Glenn Tipton et K.K. Downing) et une voix aiguë inimitable grâce au charismatique Rob Halford.
Leur album British Steel (1980) est une pierre angulaire de ce genre. Avec des hits comme Breaking the Law et Living After Midnight, Judas Priest a porté une esthétique sonore agressive mais grand public. Ce modèle posé par la bande en cuir noir a servi d’inspiration pour des générations futures dans le heavy et le power metal.
Le thrash metal, avec ses rythmes ultra-rapides et ses riffs acérés, ne serait pas ce qu’il est sans Metallica. Formé en 1981 à Los Angeles, le groupe emmené par James Hetfield et Lars Ulrich a poussé le genre dans les années 80 grâce à des albums tels que Ride the Lightning (1984) et Master of Puppets (1986).
Ils ont combiné une technicité sans faille avec un sens aigu de la composition. En poussant les structures des chansons à être dynamiques, progressives mais toujours accessibles, Metallica a fait du thrash une musique qui ne s'arrêtait plus aux frontières de la niche. L'album Metallica (1991), connu comme « The Black Album », a propulsé le groupe vers une reconnaissance mondiale, tout en popularisant un son plus condensé et massif.
Si Metallica a emmené le thrash vers le grand public, Slayer en a fait une véritable arme de guerre. Avec leurs riffs d’une agressivité inédite et leurs textes flirtant avec l’horreur, Slayer a repoussé les limites de ce qui était audible dans les années 80. Leur album Reign in Blood (1986), produit par Rick Rubin, demeure à ce jour un chef-d’œuvre incontesté du thrash metal extrême, qui a notamment servi de matrice pour le death metal.
Les tempos effrénés de Dave Lombardo, couplés aux riffs tranchants de Kerry King et Jeff Hanneman, ont imposé une urgence sonore qui a inspiré non seulement des groupes de thrash mais aussi d’innombrables artistes de black et death metal à venir. Le spectre de Slayer hante toute la scène extrême, témoin de leur place incontestée dans l'évolution sonore du genre.
Alors que le glam metal commence à décliner dans les années 90, Pantera s’avance avec l’album Cowboys from Hell (1990), injectant un souffle nouveau au genre. Leur son, porté par les riffs ultra-puissants de Dimebag Darrell et la rythmique massive de Vinnie Paul, a défini le groove metal. Avec son agressivité et son dynamisme, Pantera a ouvert une nouvelle ère après la domination des années 80.
Leur album Vulgar Display of Power (1992) reste un classique intemporel. Des morceaux comme Walk et A New Level symbolisent la fusion parfaite entre brutalité et groove. Héritiers de Pantera, des groupes comme Lamb of God et Gojira poursuivent cette tradition dans les années 2000.
L’évolution du métal ne s’arrête jamais. Dans les années 2000, Meshuggah, formation suédoise, déclenche une révolution sonore avec des structures complexes, des signatures rythmiques imprévisibles et des riffs percussifs à huit cordes. Leur album Destroy Erase Improve (1995) ainsi que le monumental ObZen (2008) sont devenus des références absolues dans le métal technique.
Meshuggah a donné naissance au sous-genre du djent, caractérisé par des guitares aux riffs syncopés et une approche davantage axée sur la texture sonore que la mélodie. Des groupes comme Periphery et Animals as Leaders s'inscrivent dans la lignée de cette exploration rythmique et sonore.
Originaire du Brésil, Sepultura a su intégrer des influences culturelles locales dans son métal. Leur album Roots (1996) a fusionné le groove metal avec des éléments de musique tribale brésilienne, une démarche jusqu'alors rare dans le genre. Max Cavalera et ses compagnons ont ainsi ouvert la voie à une scène mondiale, inspirant des groupes de pays jusque-là absents du paysage métal, comme l'Inde ou l'Afrique du Sud.
Avec des morceaux comme Roots Bloody Roots, Sepultura a aussi expliqué comment le métal pouvait se nourrir de ses racines pour se renouveler.
Le métal est un genre qui se nourrit de lui-même tout en osant constamment se redéfinir. De Black Sabbath à Meshuggah en passant par Metallica et Pantera, chaque génération a apporté ses touches uniques, réinventant à la fois son langage sonore et son impact culturel. Ce sont ces groupes visionnaires qui ont tracé la route pour les générations futures, rappelant que le métal n’est jamais figé.
Quelles seront les prochaines évolutions sonores ? Si l’histoire nous a appris une chose, c’est que l’essence du métal restait la recherche permanente d’innovation et de dépassement. Une chose est certaine : l’écho de ces pionniers résonnera encore longtemps dans chaque riff, chaque cri, chaque vibration métallique.